dimanche 8 décembre 2013

De l'or dans les mains


 
En Birmanie, l'or ne se trouve pas uniquement sur le toit des pagodes et les statues de Bouddha. Les Birmans ont dans leurs mains des savoir-faire tout aussi précieux. Au cours de notre voyage, nous avons eu la chance de visiter de nombreux ateliers d'artisans dont la dextérité nous a fascinés. Des métiers oubliés ou méconnus dans nos pays industrialisés que j'ai envie de vous faire découvrir à travers une série consacrée à ces professions d'un autre temps.




C'est par la fabrication des laques que je vais commencer. Les laques de Bagan sont réputés pour être les plus travaillés du pays. Petite précision en passant, je ne me suis pas trompée de genre, on dit bien un laque pour l'objet réalisé, la laque étant la résine utilisée lors de sa fabrication. Je fais un peu la maline maintenant, mais j'avoue qu'avant cette visite, j'ignorais totalement la manière dont les laques étaient confectionnés. Petit tour d'atelier en images.

Les tiges de bambous sont fendues en lamelles

Première découverte, j'apprends que la laque a pour fonction première d'imperméabiliser et de conserver des objets en vannerie. Les artisans commencent donc par confectionner l'armature d'objets de toutes sortes (boîtes, saladiers, plateaux, bols etc.) en bambous. 

 Tressage de crins de chevaux sur un cadre en bambou

Parfois ils utilisent du bois de Teck, ou même des crins de cheval pour réaliser des bols élastiques incassables. Imaginez la patience pour réaliser un seul gobelet!

 Boites en bambous enduites de résine

Les objets sont ensuite enduits de la sève d'un arbre au nom pas possible, une résine grise, mélangée à de la cendre, qui se solidifie et devient noire au contact de l'air.  

  Polissage de la résine

Une fois cette couche sèche (il faut compter une semaine), elle est polie puis l'opération est répétée au minimum à 6 reprises. Le processus est long. On peut aller jusqu'à une vingtaine de couches. L'objet entièrement noir est alors prêt à être décoré.

Application de la couleur jaune

Après gravage au stylet (cf. 1ère photo), le dessin est rempli par une couleur en poudre. Le support est ensuite rincé, poncé et recouvert à nouveau de résine incolore. L'opération se répète à chaque couleur.


La réalisation d'un laque polychrome requiert douze étapes successives, voire d'avantage, et six mois de travail.

Lavage des objets dorés à la feuille

Les prix varient en fonction du nombre de couleurs utilisées, de leur support (ceux en crin de crins de cheval sont plus onéreux) et de la présence ou non d'or dans leur décoration.

Nettoyage final

Pour acquérir une bonne technique, il faut compter trois ans d'apprentissage. Les artisans, ou plutôt les artistes qui réalisent les décors, travaillent sans modèle, en gravant directement l'objet au stylet. La maîtrise du geste et leur sens de la symétrie sont absolument époustouflantes. Acheter des laques dans un atelier comme celui que nous avons visité coûte certes un peu plus cher que dans les marchés. C'est toutefois la garantie qu'il s'agit de laques authentiques et non de copies peintes. C'est également assurer un revenu à tous ces artisans et la pérennité de ces gestes ancestraux.



23 commentaires:

  1. Merci pour ce passionnant reportage.
    Je n'ai pas saisi un détail, comment, en remplissant les "creux" à la poudre, peut-on rincer sans tout faire disparaitre ? Mais j'ai beaucoup appris.
    AniLouve

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  2. J'ignorais tout de cet artisanat. Merci pour toutes ces explications et bravo pour les photos.

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  3. Merci pour ce magnifique voyage dans ce beau pays.

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  4. Que de minutie dans le travail, comme souvent dans l'art et la culture asiatique ...

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  5. Un beau reportage ou j'ai bien appris. J'ignorais la manière dont les objets lacqués étaient confectionnés. J'aime la minutie du travail! ainsi que les belles photos avec les travailleurs concentrés.
    Tu as du rapporter de beaux objets!
    J'ai hate de découvrir la suite!

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  6. Très sympa, avec de belles photos, un reportage qui transporte !

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  7. Dis-donc, il y a un paquet de mande dans cette fabrique !! Merci pour ce partage fort fort fort instructif ! Mais dis-moi, j'ai remarqué que certaines femmes sur tes photos avaient les joues "maquillées". Je suis sûre que tu pourras nous dire si c'est un maquillage classique ou bien s'il signifie quelque chose de particulier.

    Dans mon imaginaire, la laque est intimement mêlée au noir, je dirais même qu'elle est une sorte d'éloge de l'ombre, comme si elle engloutissait la lumière pour la rendre plus douce et soyeuse. Bref, tu l'auras compris, j'adore la laque !!

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  8. @Tous: Un grand merci pour vos réactions, Je suis vraiment contente que la fabrication des laques vous ait autant intéressés que je l'ai été et que vous en sachiez désormais un peu plus sur cet artisanat. J'espère ne pas avoir été trop "maîtresse d'école" dans mes explications.

    @Anilouve: tu es redoutablement attentive. Je suis un peu ennuyée pour te répondre car je ne suis pas experte. La couleur est appliquée dans les sillons gravés au stylé et j'imagine que les pigments adhèrent tout particulièrement dans ces zones et sont donc résistants au rinçage.

    @Françoise: J'ai bien évidemment craqué pour plusieurs objets dont notamment une série de bols assez simples car je craignais que les motifs trop sophistiqués et exotiques se marient mal avec ma table. J'ai également profité de cette visite pour faire quelques cadeaux de Noël ;-)

    @Fabien Lestrade: bienvenue à toi ici et merci pour ton commentaire.

    @Laurence: T'es bien une nana toi. La leçon de beauté à la birmane est prévue au programme, alors stay tuned comme on dit...

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  9. ah mince, je me demandais moi aussi pourquoi elles avaient les joues peinturlurées.

    très bon reportage, les photos sont superbes (j'aime bien le rendu que tu as travaillé) et ton texte s'y allie parfaitement.

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  10. ah moi je sais pourquoi elles sont peinturées ainsi =) D'ailleurs je serais bien à la mode dans ce pays mais j'en dis pas plus autrement ça sera trop facile sinon. Très beau reportage. La minutie et persévérance de ces artisans me laissent bouche bée...

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  11. Ca donne vraiment envie d'y aller, merci pour ce beau voyage très dépaysant. Très belles photos, bravo.

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  12. suberbes photos pour un magnifique reportage

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  13. C'est passionnant ! Merci pour ce reportage si bien illustré et tellement instructif. Je suis sidérée par la durée et les heures de travail pour chaque objet.

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  14. @Ronan, ma fille, Stephane, Bergson et Laurence: vos réactions me font vraiment plaisir, Merci à tous. J'ai vraiment pris le temps de soigner mes prises de vue dans cet atelier. Quant au post traitement, je crois que je l'avais déjà en tête à ce moment-là. Cet aspect vieilli pour ces métiers d'un autre temps allait de soi. Et pour le maquillage, j'explique tout très bientôt.

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  15. Un superbe traitement de la couleur, du rendu.
    Un réel plaisir à lire ton reportage.

    Quel bonheur de voyager et découvrir!!!

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  16. Wow! Tout d'abord, tes photos sont d'une qualité exceptionnelle, j'adore la finition. Et puis, quel travail de minutie, tu t'imagines faire ce boulot jour après jour, ce soucie du détail, cette précision, my God! Je suis en admiration. J'espère qu'ils sont bien rémunérés, ou du moins que le bonheur accompagne leur travail.

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  17. Très belle série, intéressant choix de tonalité. Comme dans bcp de pays asiatiques, ils sont très fort pour ces travaux manuels très minutieux, un travail remarquable !

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  18. L'un d'eux m'a proposé de décorer ma coque de téléphone d'un dessin rapide et magnifique!

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  19. Beau documentaire photo ! Et quel travail minutieux.
    En ce qui concerne ta série, j'aime beaucoup le post-traitement que tu as utilisé. Bonne semaine à toi.

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  20. woow, quel superbe reportage, avec de belles ambiances, et de beaux sourires. Un régal !

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J'ai toujours grand plaisir à vous lire, alors ne soyez pas timides, osez!