jeudi 13 septembre 2012

Noir et blanc (37/52) ou fêtons la Bénichon


Semaine 37                                                                             Noir et blanc

Un petit sourire satisfait aux lèvres, elle contemple le reflet que lui renvoie son miroir. Parfaite, elle sera parfaite pour la levée des danses du vendredi. Elle tourne une fois, deux fois sur elle même en chantonnant puis retourne farfouiller dans son armoire. La robe bleue fera bien l'affaire le samedi mais... Elle se rembrunit à la vue de la brune. Non, décidément elle ne peut décemment pas remettre le dimanche une robe qu'elle a déjà portée l'année précédente. Heureusement que Mathilde lui a proposé de lui en prêter une autre. Pourvu que la taille convienne. 



C'est que pour elle, cette Bénichon est vraiment particulière. L'an dernier, le président lui a demandé d'être sa danseuse. Il portera, comme tous les autres jeunes, costard trois pièces et cravate et tous deux devront trois jours de suite ouvrir le bal. Le temps de quelques mesures de musique, ils seront seuls à évoluer sur l'estrade devant tout le village. Valse, tango, marche, ils ont suivi consciencieusement les cours de danse organisés durant l'été par la société de jeunesse. Ils ne sont pas vraiment à l'aise mais ils s'appliqueront. Pas question d'être ridicules, on ne badine pas avec les traditions dans ce coin de terroir.


Et puis surtout, cette fête, c'est celle de tous les jeunes du village, celle pour laquelle ils mouillent leur t-shirt depuis plusieurs semaines, en assumant seuls toute l'organisation. Elle le sait, ils seront complètement cassés à l'issue de ces trois jours mais ils feront une noce d'enfer dont ils se réjouissent d'année en année. Et même si leurs heures de sommeil se compteront sur les doigts de la main, ils assureront pour servir au bar et sous la cantine, ranger les lendemains d'hier et prouver à toute la population locale que la jeunesse d'aujourd'hui vaut bien celle d'antan.



Le week-end dernier, la fête fût ensoleillée et très réussie dans mon village. Melle la présidente, très souriante, a parfaitement tenu son rôle et n'a pas trébuché sur ses talons de quinze centimètres en ouvrant le bal avec mon fils.

La Bénichon est une fête traditionnelle fribourgeoise. Religieuse au XVème siècle, elle est rapidement devenu profane. Il s'agissait de faire bombance pour célébrer la fin des travaux des champs et le retour des troupeaux de montagne. Aujourd'hui encore, on mange beaucoup à cette occasion. Le célèbre menu de Bénichon filerait une indigestion à Gargantua. Je n'ai pour ma part jamais réussi à en ingurgiter ne serait-ce que le tiers...

Peu de couleurs mais beaucoup de belles images chez Donlope dès dimanche prochain avec les autres participants au projet 52.

27 commentaires:

  1. (Parution simultanée effectivement ...)
    Je trouve le noir et blanc complètement adapté au contenu de ton billet : un récit parfaitement illustré (ta première photo est très chouette, l'oeil est expressif, l'angle bien vu), les cadrages sur les pieds, et pour terminer le flou de mouvement des danseurs. Bravo !
    .. Je suis allée, par curiosité, jeter un oeil sur le menu. C'est impressionnant !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ça fait deux ans que j'essaie de prendre des photos de cette manifestation dans l'idée de faire du noir et blanc. Le thème de cette semaine m'a boostée ;-) Je ne suis pas encore satisfaites de mes images de danseurs flous, je retenterai l'année prochaine. Bon w-e!

      Supprimer
  2. J'ai toujours eu une affection particulière pour les photos de pieds et jambes et là je me régale, particulièrement avec celle des hommes, le tombé du pantalon, l'angle des deux pieds ...
    Merci pour ce récit.
    Je suis aussi allée voir le menu. Bien entendu cela m'a donné faim et envie d'essayer de faire une "cuchaule". Rien que le nom, déjà ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah la cuchaule c'est délicieux surtout celle au safran mais manger des tartines avant de se lancer dans un tel menu, c'est presque criminel. Je la réserve au ptit déj. A bientôt.

      Supprimer
  3. J'aime beaucoup la 2° et 3° photo, tous ces pieds impatients d'en découdre avec la danse !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce qui est dôle, c'est de voir tous ces jeunes habituellement en baskets dans de telles chaussures.

      Supprimer
  4. très bon récit. J'aime l'histoire accompagnant les photos. Ma préférée est sans conteste la troisième. on s'en que ces jambes et chaussures n'attendent que de pouvoir bondir ...

    RépondreSupprimer
  5. C'est marrant quand je pense à la bénichon c'est les paturages verts et les vaches parées de leurs fleurs colorées qui me vient à l'esprit. Donc très agréablement surprise par ces beaux clichés en noir et blanc. J'aime beaucoup aussi les 2 clichés de jambes et chaussures. Et là j'ai bien envie d'une cuchaule, j'adore cette brioche safranée :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ne confondrais-tu pas la Bénichon et la désalpe? Ce n'est pas la même chose en plaine surtout. Ici pas de vaches ;-)

      Supprimer
  6. Très beau texte. Belle découverte traditionnelle de ta région (je ne connaissais pas la Bénichon). En ce qui concerne tes photos, la première a attiré mon attention. C'est le regard intense de la jeune fille et la force dans sa main qui traduisent une envie passionnante de danser ou simplement d'être avec ce monsieur. Chapeau.

    A bientôt,

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La Bénichon n'est pas connue partout en Suisse, donc j'imagine qu'elle l'est encore moins à l'étranger. Cela va peut-être bientôt changer car le gouvernement suisse a décidé tout récemment de l'inscrire avec 166 autres événements sur la liste des traditions vivantes en Suisse établie dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

      Supprimer
  7. Une chouette série, des cadrages à la fois parlants et plein d'originalité, j'aime beaucoup.
    Merci aussi pour la découverte. Totalement inconnu pour moi. Tout comme certains éléments du menu d'ailleurs. Cuchaude, rigolo comme nom. :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai que ces noms sont particuliers. Bénichon vient de "bénissons". Quant à la cuchaule,et non cuchaude.. oups ;-), c'est une sorte de brioche safranée absolument délicieuse que l'on mange avec de la moutarde sucrée (très bonne également). Il y a aussi les poires à botzi, petites poires que l'on cuit dans un sirop et que l'on mange avec le gigot.... Bref, on ne meurt pas de fin le deuxième week-end de septembre dans mon village !!!!

      Supprimer
  8. Très chouette petit reportage! Tu as vraiment le don d'informer de manière très claire et avec de superbes illustrations. Pour ma part, j'ai un petit faible pour la première et la dernière photo, cadrage et vitesse lente.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est drôle Jeanne, j'ai pensé à toi en prenant ces photos en vitesse lente, elles me font penser à ton univers. Je ne suis pas encore tout à fait au point avec l'utilisation de ces vitesses lentes mais je vais encore m'exercer. A bientôt.

      Supprimer
  9. J'ai dégusté ton billé pour la pause kfé, hum... c'est délicieux!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Avec des cuquettes (biscuits au beurre et à la crème très épaisse, pas light du tout...), je suis sûre que ta pause kfé aurait été encore meilleure ;-)

      Supprimer
  10. Des traditions superbement revisitées en mots (joli récit) et en images, avec des n&b intemporels & doux. Les cadrages des jambes sont très réussis et toute la série est traversée d'une belle lumière. Bravo & très bonne fin de semaine à toi !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Aurore! Cette année , cette fête me tenait tout particulièrement à coeur parce que mon fils en était le président. Mon petit coeur de maman a fondu quand il a fait son premier discours...

      Supprimer
  11. Jolie la première photo !!! J'aime beaucoup beaucoup ce cadrage coupé :))
    Bon, et d'après ce que je lis, j'ai intérêt à aller voir ce menu alors ... J'y vais de ce pas !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'espère que tu as très très faim sinon tu vas avoir la nausée!

      Supprimer
  12. Laurence (Lolotte)14 septembre 2012 à 18:14

    Et bien merci pour cette découverte et ces jolies photos (j'adore celles des pieds) ! Ce menu pantagruélique m'a rappelé des menus de fêtes trouvés chez mes grand-parents, le nombre de plat était hallucinant à l'époque ... et ce n'étaient pas des mises en bouche !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les fêtes paysannes sont souvent très très généreuses, où que ce soit! Cette semaine, j'étais aux légumes vapeur...

      Supprimer
  13. Sympa ce reportage. Le noir et blanc est effectivement parfait et j'ai un petit coup de cœur pour les chaussures des madames, puis pour celles des messieurs. Je ne suis pas du tout "fête de village" ou "fête traditionnelle", mais j'aime ta série.
    Bonne soirée

    RépondreSupprimer
  14. C'est curieux, je reconnais "le pays" dans tes photos...
    Quelque chose de familier.
    Le noir et blanc se prête fort bien à cette série en effet.
    Je t'encourage à aller dans les soirées tango argentin pour continuer ton travail photographique avec les danseurs, tu vas te régaler!
    Bisouilles.

    RépondreSupprimer
  15. j'aime beaucoup la photo de pieds.

    RépondreSupprimer

J'ai toujours grand plaisir à vous lire, alors ne soyez pas timides, osez!